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mardi 6 janvier 2009

Storytelling et démocratie

Je l'avais déjà lu en diagonale et puis j'ai pris le temps de le lire tranquillement pendant les vacances d'hiver : Le livre de Christian Salmon, Storytelling. La Machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits.

Le sujet est passionnant, même si le livre a suscité quelques mauvaises critiques comme celles de Frédéric Martel de Nonfiction. Néanmoins, le livre a le mérite d'ouvrir le débat sur un phénomène que l'on pressent et dont on mesure un peu plus chaque jour les mauvais côtés : La politique "people", la politique "story", la politique qui buzz.

Si la politique est devenue une compétition de storytellers ou de story spinners, alors je me demande s'il ne faudrait pas opter pour un régime de Démocratie indirecte et participative : Un régime permettant à la fois de mettre à l'abri les élus (et le Président en particulier) d'un système électif et politique basé obligatoirement (par dérive) sur la manipulation de l'opinion (nous ne serions plus que les personnages ou les objets d'histoires passionnantes ...), et de faire participer de manière plus systématique, directement, les citoyens à la réflexion et à la constitution des lois. Cette participation ne serait pas un référendum, elle deviendrait active.

Les régimes présidentiels deviennent une succession de récits, en période électorale, mais aussi hors période électorale. La campagne devient permanente. Et l'on a l'impression d'un zapping constant, sans vision, sans profondeur et sans projet commun. La question n'est pas Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal au Zénith ou Barack Obama dans un autre registre. Les femmes et les hommes politiques épousent leur temps et sont à l'image d'une époque. La question est simplement, est-ce que notre système politique est-il le mieux adapté aujourd'hui pour faire face au marché de l'opinion ?

Pour ma part, je ne pense pas. Je crois qu'une nouvelle constitution doit voir le jour, redéfinissant l'organisation des pouvoirs et nos modes d'élection. Cette constitution devra garantir plus de démocratie participative et donner une chance au courage politique. Aujourd'hui, notre constitution, valable en 58, ne l'est plus, même avec ses 24 modifications. A l'époque, le politique n'était pas encore une marque dans un marché de l'opinion, avec une valeur, un actif... une possible dépréciation d'actif... qui dépendent tout autant des soubresauts médiatiques que de ses convictions et de ses actes. La constitution de 58 engendre naturellement une personnification de la vie politique et une progressive (et nécessaire) concentration des pouvoirs entre quelques mains pour seulement préserver sa place, sa condition, sa réputation... dans le marché de l'opinion. Prochain épisode dans Gala.

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